La cueillette de l'aspérule odorante bat son plein dans la région d'Arlon : gare au soleil ! (2024)

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À Arlon et dans toute sa région, la cueillette de l’aspérule bat son plein. Le froid permet que la plante ne fleurisse pas trop vite ! Ne pas traîner si le soleil arrive.

Jean-Jacques GUIOT

  • Publié le 30-04-2024 à 08h00
  • Mis à jour le 30-04-2024 à 08h30

La cueillette de l'aspérule odorante bat son plein dans la région d'Arlon : gare au soleil ! (1)

Avant de trinquer au maitrank, à vos paniers ! Ne pas tarder pour filer au bois pour chercher l’aspérule odorante. Autour d’Arlon, mais pas seulement, les cueillettes battent leur plein. C’est que bientôt la plante sera en fleur et il sera trop tard. Privilégier les forêts de hêtres, mais chacun garde son lieu secret.

Aux dires des amateurs et des professionnels du divin breuvage, cette année, la plante est belle. La fleur blanche évolue en fonction de l’exposition. Quentin Blerot et son pote Vincent Fourny produisent le maitrank "La Rainette".

30 kg pour 45 000 bouteilles !

L’Arlonais espère arriver aux 6 000 bouteilles. En 15 jours, ses cueilleurs sont satisfaits: "Elle belle, bien grande, pas spécialement vite en fleur car il n’y a pas assez de soleil, il y a moyen de faire une bonne saison. Je vais toujours au même endroit, je fais donc attention à ne pas arracher les racines".

L’homme qui privilégie le circuit court avoue que la saison de vente a un peu du mal à commencer: "Les gens ne font pas beaucoup de barbecue. S’il ne fait pas beau, on ne consomme pas".

Au maitrank Ridremont, à l’Hydrion, la récolte des 30 kg est déjà finie ! "J’ai mon quota", avoue Marianne Gilson, d’Arel maitrank qui produit 45 000 bouteilles: "Cela a été une année un peu bizarre, il y a eu un coup de froid alors qu’en bordure de bois, elle était déjà en fleur. On a des équipes de cueilleurs, des accords avec des propriétaires de hêtraies. On vend principalement dans la province de Luxembourg et au Grand-Duché".

Le stock de 15 kg de plantes est aussi atteint chez Daune: "En Gaume, la saison se termine ; à Arlon, c’est un peu plus froid." Chez Manigart, on ne plaint pas non plus: "Il y a à faire dans les bois ! C’est mon père qui la ramasse. On fait 5 000 bouteilles par an". La plante est ensuite lavée, séchée puis mise sous vide et congelée. "La semaine dernière, une bouteille est encore partie au Canada et une autre au Mexique." La boisson de mai se décline en recettes mais l’homme reconnaît que c’est toujours assez "explosif" de la mettre dans des mets. Mais des recettes de poulet, de burger ou encore de pralines au maitrank existent.

"Les Italiens étaient surpris !"

Comment ne pas demander l’avis au grand bailli de la confrérie, René Geimer. Sur le retour d’Alba en Italie, où il est descendu avec ses compères pour les 20 ans du jumelage arlonais, il raconte que l’alcool a fait sensation. "On est parti avec 40 bouteilles ! Les Italiens étaient surpris !" Les 400 bouteilles commandées à la maison Daune couleront à flots pour le prochain chapitre. René Timmermans d’ajouter: "Chaque Arlonais a sa recette secrète. Certains y rajoutent du porto, du cognac, de la cannelle, des feuilles de cassis".

Bashing anti-Feller ?

À Arlon, celui qui reçoit souvent un zéro pointé, c’est le maitrank Feller. "Ce n’est pas du maitrank" ou encore, "il est fait à partir d’essences de plantes", a-t-on même attendu.

On a donc téléphoné à son patron flamand, Marck Schleck qui a repris la maison Feller en 2000. Le boss de Zepperen (Saint-Trond) restera discret sur sa production: "Je ne divulgue jamais de chiffres". Il le jure: "Nous faisons le maitrank dans les règles de l’art selon la législation. Je veux donner une ouverture au maitrank". On reformulera plusieurs fois la question: "Est-ce que vous cueillez des tiges d’aspérule ?". On obtiendra finalement cette réponse: "Oui, on en prend ! Tout est fait à partir de plantes. Je ne vous dis pas d’où, les autres ne le disent pas non plus. Je fais, en tant que professionnel, du mieux que possible en gardant les normes alimentaires au plus haut. On veut présenter le produit Feller comme un produit industriel depuis que le Flamand a repris, alors que ce n’est pas vrai ! Vous savez quand je viens à Arlon, je parle luxo, moi !".

La recette du vice-président

Guy De Decker a le maitrank dans son ADN. Il livre sa recette maison: "Pour un litre de vin sec, généralement du luxembourgeois, (rivaner ou riesling), je mets 12 brins d’aspérule odorante, huit sucres de Tirlemont. Puis, une tranche d’orange coupée en deux et un demi-verre de cognac. Je laisse macérer de 24 à 48 h dans un pot en grès. Ensuite, je le filtre et le mets en bouteille". Son petit truc: "Servir très frais avec une orange décongelée qui a macéré !"

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