Une gare de Flixbus, “à la Bercy”, à Bruxelles : le monde politique en rêve, mais le lieu privilégié suscite toujours crispation (2024)

• Publié le 29-04-2024 à 09h25
• Mis à jour le 29-04-2024 à 09h33

Le long du boulevard, ils sont des centaines de voyageurs à attendre en plein air, par beau temps ou sous la pluie. Car autant dire que les places sont limitées dans les quelques maigres cabanes d’attente. Différence flagrante avec la situation d’autres métropoles européennes. En parlant avec les voyageurs, un exemple revient sur presque toutes les lèvres francophones : Bercy.

Chez nos voisins français, Paris a développé une véritable “gare routière” dans le quartier de Bercy, au sud de la Ville Lumière. Une infrastructure excentrée, mais bien connectée en transports en commun, et permettant d’accueillir une quatre-vingtaine de bus.

Une situation actuelle “ni confortable pour les voyageurs ni sécurisée”

Bruxelles doit-elle se doter d’une véritable “gare routière à la Bercy”, comme on en trouve aussi dans de nombreuses autres villes ? Dans le monde politique bruxellois, le sujet semble faire l’unanimité.

À Schaerbeek, on juge la situation intenable boulevard Roi Albert II. “La situation n’est ni confortable pour les voyageurs ni sécurisée”, déplore Cécile Jodogne (Défi), pour qui l’emplacement précédent du côté du Exki était également problématique. “Cela fait des années qu’on interpelle.”

Dans les têtes, le “drame Sultan” demeure. En février 2023, ce livreur à vélo avait perdu la vie à la suite d’une collision avec un Flixbus, à l’intersection du boulevard Roi Albert II et de la place Solvay.

À moyen terme, les choses devraient quelque peu changer : le cabinet de la ministre Elke Van den Brandt (Groen) annonce que d’ici la fin de l’année prochaine, les arrêts seront réorganisés de part et d’autre du boulevard. Ce qui permettra de concentrer les haltes et résoudre certains problèmes de sécurité aux carrefours.

Bercy ? “Pas à n’importe quel prix”

Mais gare du Midi, même situation accidentogène dénoncée rue de France. “Il y a un problème de sécurité : les trottoirs sont remplis, les soutes sont ouvertes côté rue…”, exemplifie l’échevine anderlechtoise Susanne Mueller-Huebsch (Groen).

Du côté de Flixbus, principal opérateur desservant Bruxelles, la situation actuelle à Bruxelles-Nord est actuellement jugée “conforme à ce que la ville, nos passagers et nous-mêmes sommes en droit d’attendre d’un bus-stop dans une grande ville comme Bruxelles”. Quant à la perspective d’une véritable gare spécifique pour les bus ? “Bien sûr, avoir une gare routière comme Bercy (qui fermera certainement en 2025) est l’idéal, mais pas à n’importe quel prix. Le plus important pour nous est que nos bus s’arrêtent près de points stratégiques permettant une vraie intermodalité, comme les gares qui, en plus du train, sont accessibles en transports en commun, taxi, autopartage, etc. Ainsi gare du Nord et Midi sont pour nous des points de desserte idéaux. Toute gare routière éloignée des centres névralgiques de la ville n’aurait que peu d’intérêt pour nous et nos passagers.”

”Ce ne sera pas quartier Nord”

Côté politique, tout le monde semble vouloir la même chose : communes et Région déplorent les arrêts actuels et rêvent d’une gare routière spécifique. Un rêve, rappelons-le, entretenu depuis des années… sans véritable concrétisation.

Car comme souvent dans la capitale, un problème se pose : où ? C’est là où le bât blesse… Difficile à Bruxelles de trouver du foncier. Et quand bien même on en trouve, se posent alors les récurrentes questions de voisinage. “Ce ne sera pas quartier Nord”, prévient Cécile Jodogne. “C’est juste impossible. Il n’y a pas l’espace.”

Une piste longuement évoquée est le site d’Erasme, à Anderlecht. Idéal, car en bout de ligne de métro…, mais la commune est frileuse, pour ne pas dire glaciale. “Pour nous, mettre une gare routière à Erasme n’est pas une option”, annonce sans détour Susanne Mueller-Huebsch, qui évoque les problèmes de pollution, de bruit et autres nuisances pour les habitants. “Mais on veut bien aider la Région.”

Chez les instances régionales, la piste d’Erasme est loin d’être abandonnée, nous dit-on, malgré les réticences anderlechtoises. Une étude globale a été demandée à Perspective afin d’intégrer cette gare routière dans un plan global pour Erasme, comprenant également une crèche et des commerces. “La piste d’Erasme n’est pas morte”, nous revient-il du côté régional, avec l’espoir de “convaincre” Anderlecht, dont le feu vert apparaît comme indispensable pour un tel projet. En parallèle, une demande a été lancée auprès des communes pour trouver des alternatives. Une chose est sûre : les délais sont encore longs, très longs, avant l’inauguration d’un éventuel Bruxelles-Bercy…